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TDAH, addiction et automédication : comprendre les besoins profonds

Le TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) et l’addiction partagent des racines profondes liées à des besoins non comblés durant l’enfance. Gabor Maté, médecin et expert en traumatismes, met en lumière l’importance de ces besoins et leur lien avec les comportements d’automédication et d’addiction. C’est également mon approche dont j’aimerais aborder les grandes lignes très brièvement dans ce texte afin de soulever une réflexion plus nuancée, moins cristallisée et surtout non pathologisante.

Les fondements de l’automédication chez les personnes avec TDAH

Selon Maté, les personnes qui ont un TDAH ont souvent une hypersensibilité émotionnelle, rendant les expériences stressantes ou invalidantes encore plus difficiles à gérer. L’intensité émotionnelle est très difficile à ressentir dans le corps, particulièrement si nous n’avons pas reçu de sécurité affective lorsque nous étions jeunes. Les personnes hautement sensibles comme celles qui ont un TDAH développent parfois des comportements addictifs pour apaiser un système nerveux surmené et dysrégulé. Les substances comme la nicotine, l’alcool ou les drogues stimulantes ou encore les écrans, le surinvestissement dans le travail servent à réguler temporairement les émotions et à combler un vide intérieur.

Lien entre traumatismes et dépendances

Maté explique que les addictions ne sont pas des choix conscients mais des réponses aux traumatismes précoces. Ces expériences, souvent invisibles ou sous-estimées, incluent des environnements où les besoins émotionnels des enfants ne sont pas pleinement respectés. Le rejet, l’invalidation ou le stress parental peuvent désactiver leur capacité à s’autoréguler. Le cerveau et le corps, en quête de soulagement, développe une dépendance aux stimuli externes pour pallier ce manque de sécurité intérieure.

Besoins non respectés et société des fantômes affamés

Maté parle également de notre « société des fantômes affamés », un monde qui valorise la performance et le paraître au détriment des besoins émotionnels authentiques. Dans ce contexte, les personnes qui ont un TDAH se retrouvent en quête perpétuelle d’apaisement. Cette dynamique alimente une boucle d’addiction et de culpabilité, renforçant les mécanismes d’adaptation sous-jacents.

Approches thérapeutiques : compassion et intégration

Maté plaide pour une approche holistique et compatissante, centrée sur la compréhension des besoins émotionnels et des blessures psychologiques. Cela implique non seulement un travail sur les schémas cognitifs, mais surtout une reconnaissance de l’importance des relations sécures et du soutien communautaire.

Mélanie Ouimet, fondatrice du mouvement francophone de la neurodiversité et co-chercheuse en autisme

Références

1. “The True Causes of Addiction,” Integrative Psychiatry Institute, explore les liens entre trauma, TDAH et addiction dans un contexte thérapeutique global.

2. L’interview de Gabor Maté sur le podcast de Rich Roll aborde son concept de « société des fantômes affamés » et les mécanismes de régulation émotionnelle en réponse aux traumatismes.