La notion de neurodiversité existe depuis plusieurs années sans être nommée ainsi. En 1938, Hans Asperger parlait de diversité neurologique en parlant de l'autisme. En 1993, Jim Sinclair a prononcé une conférence dans le cadre de l'International Conférence on Autisme à Toronto. Sinclair s'adressant aux parents d'enfants autistes : "Ne pleurez pas pour nous". Il leur demande d'embrasser leur différence. La création du mot « neurodiversity » est attribuée à Judy Singer. Judy est Australienne. Elle a fait sa thèse en sociologie dans les années 1996-1998 sur ce concept. Le terme a été théorisé et publié pour la première fois dans sa thèse en sociologie en 1998, présentée à l'Université de technologie de Sydney (UTS), qui s'est identifié comme étant « au milieu de trois générations de femmes sur le spectre autistique ». Une version complète de la thèse est republié dans son livre abrégé : Neurodiversity: The Birth of an Idea. Judy voyait que les personnes qui avaient un esprit différent étaient opprimés comme les femmes ou les homosexuels principalement avant que des mouvements pour leurs droits soient créés. C'est ainsi qu'elle croyait que les personnes qui avaient une neurologie différentes auraient besoin d'un mouvement social. Le terme diversité neurologique était trop compliqué. Elle souhaitait que le mouvement soit légitime et crédible, c'est pourquoi elle s'est tourné vers les neurosciences. Pour elle, se terme était une invitation à revoir les méthodes psychothérapeutiques qui visaient à guérir l'autisme. C'est ainsi que le terme « neurodiversity » lui est venu en tête.
Le journaliste et écrivain Harvey Blume, avec qui Judy Singer correspondait à propos de l'autisme, a utilisé ce terme publiquement en le 30 septembre 1998 dans le journal l’Atlantic. Le travail de Singer sur l'autisme et la neurodiversité est devenu largement connu à la suite de son chapitre « Pourquoi ne pouvez-vous pas être normal une fois dans votre vie ? » sur la base de sa thèse publiée au Royaume-Uni en 1999 (Disability Discourse, Mairian Corker Ed., Open University Press, 1er février 1999, p 64)
Par la suite, plusieurs mouvements de la neurodiversité ont émergé dans le milieu anglophone principalement américain et britannique. En 2015, Steve Silberman a écrit un livre historique, scientifique et fondé sur le plaidoyer : "Neurotribes, the legacy of autism and the future of neurodiversity". Son essai a largement contribué à la connaissance du concept de la neurodiversité aux États-Unis principalement et dans le milieu anglophone. En Australie, le mouvement n'a pas été pris au sérieux et Judy Singer est restée dans l'ombre avec très peu de reconnaissance pour son travail colossal. Être une femme pionnière est un travail ardu.
En 2015, Mélanie Ouimet fonde le mouvement francophone de la neurodiversité avec l'objectif de sensibiliser la population aux divergences cognitives afin que les divers comportements et réactions humaines ne soient plus perçus comme des troubles neurologiques ou des maladies mentales. Initialement, Mélanie avait fait des recherches sur l'autisme et une autre forme d'intelligence puisque c'est ainsi qu'elle percevait l'autisme. Du côté francophone, ses recherches l'ont menée vers Laurent Mottron. Du côté anglophone, ses recherches l'ont menée vers le terme «neurodiversity » qui abordait principalement l'autisme à l'époque. Mélanie a choisi d'inclure d'emblée toutes les minorités cognitives dans son mouvement francophone. Elle fait par ailleurs distinction entre la diversité neurologie innée et les mécanismes d'adaptation et traumatismes face des événements de la vie. En 2017, elle a co-fondé avec Alexandre Lapointe le salon de la neurodiversité. Également en 2017, Mathieu Giroux, Lucila Guerrero, , Alexandre Lapointe et Mélanie Ouimet, auxquels se sont joints en 2018 Hugot Horiot, Charlotte Parzyjagla ainsi que Juliette Speranza, ont émis un communiqué de Presse suggérant des définitions francophone pour la neurodiversité, le paradigme de la neurodiversité ainsi que le mouvement de la neurodiversité. En 2018, sous l'invitation de Mélanie pour le 20e anniversaire de la naissance du concept, Judy est venue à Montréal le 30 lors de la première édition de la journée mondiale de la neurodiversité. Un livre collectif a été publié afin d'émettre des réflexions sur le concept de la neurodiversité. En 2019, sous l'impulsion de personnalités atypiques, Juliette Speranza, Hugo Horiot, Carla Schiappa-Burdet, Perinne Sonneville, Charlotte Parzyjagla et sous l'égide du mouvement éponyme instigué par Mélanie Ouimet, l'association La Neurodiversité-France a été fondée.
En 2019, Mélanie Ouimet a co-fondé avec Alexandre Lapointe Neuromanité afin d'enrichir et de complémenter le concept de la neurodiversité en prenant en considération les mécanismes d'adaptation humains. Neuromanité est un concept alliant l'épigénétique, la neurodiversité ainsi que les neurosciences affectives et sociales dont l'objectif est d'apporter un soutien à chaque être humain dans une approche relationnelle, intégrative et humanisme. En 2022, l'institut de la neurodiversité Mélanie Ouimet a vu le jour. Cet Institut de la Neurodiversité a pour mission de faire connaître la diversité cognitive et les mécanismes d'adaptation de notre cerveau face à l'adversité.
La neurodiversité est la diversité des cerveaux et des esprits humains. De par sa définition, ce concept est inclusif. La neurodiversité englobe tous les êtres humains tout comme par exemple, l'ethnicité est inclusive de tous les êtres humains. Chaque être humain est entier et complexe. Chaque humain possède une énergie et un esprit unique qui évolue à chaque instant. La neurodiversité est une réalité biologique confirmée et validée par les neurosciences. La neurodiversité est un sous-ensemble de la biodiversité.
Le paradigme de la neurodiversité est une approche spécifique selon laquelle la dynamique de la neurodiversité agit comme une source de potentiel créatif favorable à l'évolution et au développement de la société. La neurodiversité est soumise à des dynamiques sociales similaires aux dynamiques qui se produisent fréquemment pour d'autres formes de diversité comme la diversité raciale, sexuelle, ethnique. Dans ce paradigme, les caractéristiques neurologiques, cognitives, comportementales et émotionnelles sont considérées pour ce qu'elles sont : une construction sociale. Fixer un cadre médical pour le cerveau et l'esprit humain des personnes neurodivergenges n'est ni scientifique ni objectif ni inévitable.
Le mouvement de la neurodiversité est un mouvement de justice sociale qui favorise les droits civils, l'égalité, le respect et l'inclusion sociales complète de la personne neurodivergente. Ce mouvement souhaite également transformer le regard posé sur les différences comportementales et émotionnelles. Ainsi, nous ne parlons plus de maladies, de troubles, de lacunes, de handicaps médicaux ou de déséquilibres par rapport à la norme, mais de fonctionnements divergents. Le mouvement favorise l’épanouissement de chaque être humain, dans le respect de sa singularité, en lui apportant l’aide et le soutien nécessaire, dans une approche bienveillante, selon ses besoins qui lui sont propres.
L'essence fondamentale de ce mouvement est un cri pour permettre le respect, la dignité, l’intégrité, la considération, l’autonomie, l’autodétermination, l’estime de soi, etc. Ainsi, les militants sensibilisent et informent pour que les appellations péjoratives pathologiques telles que maladies ou troubles soient éliminées du vocabulaire. Ils aspirent à ce que ces conditions neurologiques soient déclarées comme des caractéristiques biologiques représentant diverses formes naturelles de l’espèce humaine au même titre que la diversité culturelle, ethnique, sexuelle, etc.
Historiquement, l'homosexualité était considéré comme un trouble sexuel ego-dystonique par le DSM. La drapétomanie était également une maladie psychiatrique qui décrivait nul autre que l'autodétermination des personnes noires à s'affranchir de l'esclavage. Cette oppression institutionnalisée existe encore aujourd'hui dans les courants de pensée dominants comme le modèle médicale psychiatrique.
La neurodiversité représente la diversité plutôt que l’incapacité et la déficience. Le mouvement ne nie pas les embûches et les multiples défis auxquels une personne neurodivergente peut faire face. Cependant, plutôt que vouloir corriger, guérir ou normaliser la personne, ce mouvement désir apporter soutien à la personne dans le respect de son mode de fonctionnement, avec une écoute véritable, en adaptant l’environnement. Un être humain peut avoir besoin de soutien, plus ou moins important, pendant une courte ou longue période de sa vie.
Le cerveau des personnes neurodivergentes est « câblé » de manière divergente de la norme, ce qui entraîne une tout autre perception de l’environnement avec des forces et des défis.
Ce câblage entraîne également des comportements, des réactions, des modes d’apprentissages, des ressentis si éloignés de la norme qu’il est difficile pour certaines personnes de comprendre. Les comportements, les réactions et l’intensité émotionnelle qui ressortent de la norme et qui semblent parfois incompréhensibles et qui effraient la majorité ne sont pas nécessairement le signe d’un trouble immuable ni d’un dysfonctionnement cérébral.
Pour comprendre le sens des comportements ou de la souffrance, il est impératif de considérer l’être humain dans un système complexe et dynamique et de concevoir les comportements comme étant une réaction physiologique « normale » et non comme une réaction conséquente à un trouble contre lequel nous devons nous battre.
Ainsi, grâce au concept de la neurodiversité, des militants ont la volonté de donner un éclaircissement probant à ce que certaines personnes perçoivent comme de nombreuses crises de « non-sens », de l’enfermement, un « retard » de langage, des épisodes d’« automutilation », des intérêts « restreints », du « maniérisme », des « stéréotypies », des « autostimulations », de l’opposition, de la procrastination, des réactivités intenses, un repli sur soi, etc.
La diversité cognitive fait partie intégrante de la diversité humaine et contribue à rendre notre société plus accomplie, plus profonde, plus entière.
#Neurodiversité à la rencontre authentique de l'être humain
#Ensemble vers plus d'inclusion pour plus d'humanité
#Bienveillance au coeur de nos interactions, au coeur de nos relations
La journée mondiale de la neurodiversité a été fondée le 30 septembre 2018 pour souligner le 20e anniversaire du concept. Cette journée a été initiée par trois autistes, Lucila Guerrero, Mathieu Giroux et Mélanie Ouimet.
La journée mondiale de la neurodiversité est un véritable plaidoyer pour la diversité de l’intelligence humaine. Des militants de partout dans le monde s’unissent pour transmette message essentiel: l’intelligence cognitive humaine est riche, diversifiée, naturelle et authentique.