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Déconstruire les idées reçues : la communication fonctionnelle chez les personnes autistes

Il est courant d’entendre que les personnes autistes, surtout les enfants, seraient « peu communicatives » ou « manqueraient d’intention de communication ». Ces affirmations reposent sur des préjugés qui traduisent souvent un manque de compréhension des divers modes de communication alternatifs. En réalité, les personnes autistes sont communicatives, mais leur manière de communiquer diffère des normes habituelles. Leur communication est souvent qualifiée de déficitaire, mais elle est tout aussi fonctionnelle. Je vous propose de déconstruire ces idées reçues et de valoriser les moyens d’expression uniques des personnes autistes.

Les modes de communication autistiques : une expression fonctionnelle et riche

Dire qu’une personne autiste est « peu communicative » ou « sans intention de communication » est une interprétation erronée. Les personnes autistes expriment leurs pensées, émotions et besoins, mais souvent d’une manière différente de ce qui est attendu. Leur communication peut passer par de l’écholalie, des gestes, des sons, des regards, des expressions faciales. Par exemple, un enfant autiste peut exprimer son besoin de réconfort en tendant un objet qui lui est familier ou en se balançant pour s’apaiser. C’est à nous en tant qu’adulte à décoder ce besoin et à aller vers lui pour lui proposer un câlin, un contact physique ou une simple présence empathique.

Ces comportements sont des formes de communication fonctionnelle et signifiante. Loin d’être un manque d’intention, ils montrent une capacité d’expression qui s’écarte des standards verbaux sans pour autant être « déficiente ». C’est notre perception et notre interprétation, et non leur mode de communication, qui sont inadaptées.

Un rythme et un langage atypiques, pas « un retard »

Les personnes autistes développent leurs compétences linguistiques à leur propre rythme, un rythme qui n’est ni « en retard » ni « incomplet », mais plutôt unique. En s’attendant à ce que l’enfant autiste adopte une forme de langage verbal standard, on risque de négliger les modes de communication qui lui sont naturels et significatifs. Au lieu de valoriser les expressions non verbales ou alternatives, on impose souvent des attentes verbales précoces et normalisées. Cette approche peut freiner le développement spontané et authentique de l’enfant, qui s’exprime déjà à sa manière.

Les autistes peuvent également utiliser l’écholalie (répétition de mots ou phrases) comme une forme de communication riche de sens, bien qu’elle soit souvent perçue comme « non fonctionnelle ». En réalité, elle peut être un moyen pour l’enfant d’exprimer ses besoins, ses émotions, ou de structurer sa pensée, sans compter le plaisir sensoriel lié aux sons répétés. Ce langage écholalique ne manque pas de sens, mais nécessite une interprétation qui respecte le cadre de référence de l’enfant.

Changer de regard : comprendre et accepter la diversité de la communication

La véritable barrière de communication ne réside pas dans l’intention des personnes autistes, mais dans notre incapacité à lire et à valoriser leurs modes d’expression. Le travail des professionnels, des parents, et de la société dans son ensemble devrait donc s’orienter vers l’observation et la compréhension de ces formes de communication. En apprenant à décoder leurs gestes, leurs expressions, et leurs comportements, nous découvrons une réelle communication qui révèle leur individualité et leurs émotions.

De plus, encourager les personnes autistes à développer leur propre langage, sans leur imposer des normes verbales précipitées, permet de créer un espace sécurisant. Cela ouvre la voie à une communication plus authentique et plus durable, dans le respect de leur rythme et de leur personnalité.

Déconstruire les croyances autour de la communication autistique est essentiel pour construire une société inclusive. Les personnes autistes sont communicatives et leurs modes d’expression sont fonctionnels. En remplaçant nos attentes normatives par une approche d’ouverture et de respect, nous leur offrons la liberté de communiquer à leur manière, sans jugement ni pression. Ainsi, plutôt que de percevoir leur langage comme « déficitaire », nous pouvons valoriser leur richesse et leur originalité, contribuant à une meilleure compréhension de la diversité humaine.

Mélanie Ouimet, fondatrice du mouvement francophone de la neurodiversité et co-chercheuse en autisme