Le soutien au développement des enfants, particulièrement ceux neurodivergents, nécessite une approche consciente qui met l’accent sur le lien d’attachement, la connexion et la sécurité émotionnelle. La parentalité consciente est essentielle pour établir un environnement sécurisant qui permet aux enfants déployer leurs compétences afin qu’ils puissent réguler leur anxiété et leurs comportements d’évitement adaptatifs.
Lien d’attachement et sécurité émotionnelle
Le lien d’attachement entre un parent et un enfant est crucial pour développer une sécurité intérieure, particulièrement chez les enfants neuroatypiques. Ces enfants peuvent ressentir une forte anxiété face aux demandes, ce qui peut les amener à adopter des stratégies d’évitement. Lorsqu’un enfant se sent en sécurité dans sa relation avec ses parents et les adultes qui l’entourent, il se sent en sécurité émotive et cela permet progressivement une meilleure régulation du stress et des émotions.
La sécurité émotionnelle construite dans la relation parent-enfant permet également de réduire l’anxiété. Les enfants qui grandissent dans un environnement où leurs émotions sont reconnues et validées apprennent à comprendre et à réguler leurs réactions face aux demandes, ce qui est essentiel pour atténuer les comportements d’évitement.
Immaturité cérébrale et co-régulation
Il est important de rappeler que les enfants ont un cerveau immature et donc, en pleine croissance. Cette immaturité cérébrale signifie qu’ils ne peuvent pas se réguler émotionnellement seul lorsqu’ils sont submergés par une forte émotion. Les adolescents, dont le cerveau est également en chantier de construction, peuvent également avoir besoin de co-régulation pour traverser leurs fortes émotions.
Pour les enfants qui éprouve une anxiété accrue, les demandes peuvent être perçues comme très contraignantes. En tant que parents, il est crucial de mettre l’accent sur la relation et d’offrir un soutien empathique. Par exemple, offrir des choix en permettant à l’enfant de choisir parmi différentes options pour les demandes afin de réduire la sensation de contrainte. Lorsqu’on impose un choix, c’est très contraignant et menaçant pour l’intégrité et le stress augmente instinctivement. Il est également important de valider les émotions en reconnaître et en nommant l’anxiété que l’enfant ressent face aux demandes, ce qui peut aider à atténuer son impact. Lorsqu’on se sent vu dans ce que nous vivons, nous ressentons déjà de l’apaisement intérieur, ce qui atténue les tensions. Nous pouvons aussi prendre des pauses en créant des espaces où l’enfant peut se retirer pour se recentrer, sans pression. Lorsque nous avons été vus, validés, compris et que les choix sont offerts, un temps de pause permet de s’apaiser davantage et les solutions émergent d’elles-mêmes, bien que cela puisse prendre un long moment selon les circonstances.
Favoriser la conscience de soi et la gestion des sensations corporelles
Pour aider les enfants à développer leur capacité à ressentir leurs émotions sans être submergés, il est crucial de favoriser la conscience de soi et la connexion avec leurs sensations corporelles. Des stratégies comme la respiration consciente, la pleine conscience et des exercices de relaxation peuvent aider les enfants à se calmer et à mieux gérer leur anxiété.
Il est important d’encourager les enfants à identifier leurs sensations corporelles et à les associer à leurs émotions. Par exemple, les aider à reconnaître que leur cœur bat plus vite lorsqu’ils se sentent anxieux ou que leur ventre se serre lorsqu’ils sont stressés peut renforcer leur capacité à s’auto-réguler avec le temps.
Soutenir les enfants neurodivergents présentant qui vivent de l’anxiété et qui évitent des demandes nécessite une approche centrée sur la parentalité consciente. En cultivant un lien d’attachement solide, en favorisant la sécurité émotionnelle et en mettant l’accent sur la co-régulation, les parents peuvent aider leurs enfants à naviguer à travers leurs émotions et à développer des compétences de gestion de l’anxiété. C’est dans cette relation que se construit la base de la sécurité intérieure et de la confiance en soi, permettant ainsi aux enfants de répondre plus efficacement à leurs besoins internes et de faire face aux demandes de la vie quotidienne.
Mélanie Ouimet, fondatrice du mouvement francophone de la neurodiversité et co-chercheuse en autisme