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Le TDAH : hyperfocus, émotions et apprentissages

Le TDAH, encore aujourd’hui considéré comme un trouble ou un déficit, peut être mieux compris à travers le prisme de la neurodiversité. Cette perspective considère le TDAH non comme une anomalie à corriger, mais comme une variation normale du fonctionnement neurologique.

La concentration et l’hyperfocus

Les recherches montrent que les personnes qui ont un TDAH possèdent une capacité significative à se concentrer sur des tâches qui les passionnent, une compétence souvent appelée hyperfocus. Ces neuroatypiques peuvent démontrer une concentration intense sur des tâches d’intérêt, contredisant l’idée d’un déficit d’attention généralisé1. Cette capacité à se plonger profondément dans des sujets d’intérêt démontre que la concentration n’est pas le problème en soi, mais plutôt la difficulté à maintenir cette concentration dans des contextes moins engageants2.

Les besoins émotionnels et l’engagement

Pour autant, le TDAH n’est pas non plus un trouble de modulation attentionnelle ou émotionnelle. Les personnes qui ont TDAH ont des besoins émotionnels particuliers qui influencent leur motivation et leur capacité à s’engager dans des tâches. Ces personnes neuroatypiques ont des difficultés à réguler leurs émotions lorsqu’elles ne sont pas engagées dans des activités qui résonnent avec leurs intérêts personnels3. Ainsi, l’agitation observée peut être liée à un manque de stimulation émotionnelle appropriée plutôt qu’à un défaut intrinsèque de régulation. Cette compréhension du fonctionnement des personnes qui ont un TDAH amène des pistes concrètes et simples pour les soutenir au niveau des apprentissages entre autres. Surtout, lorsque nous comprenons le TDAH sous cet angle, il devient évident que ce n’est pas la personne qui est à changer, mais l’environnement qui est à adapter.

Le rôle des émotions dans l’apprentissage

Le lien entre émotions et apprentissage est bien documenté. Les émotions jouent un rôle crucial dans la motivation et la capacité d’apprendre4. Pour les personnes qui ont un TDAH, l’engagement émotionnel avec les tâches améliore l’apprentissage et la mémorisation des nouvelles informations. Ainsi, lorsque les enfants qui ont un TDAH sont exposés à des tâches qui ne les intéressent pas, ils peuvent montrer des signes de désengagement et d’agitation puisque ces tâches ne répondent pas à leurs besoins émotionnels5.

Adaptation des environnements d’apprentissage

La reconnaissance de ces aspects permet de mieux adapter les environnements d’apprentissage et de travail aux personnes qui ont un TDAH. Par exemple, l’intégration des intérêts personnels dans les activités scolaires peut améliorer la concentration et l’engagement des élèves avec TDAH6. En suivant les passions et les intérêts des neurodivergents et en leur permettant de tirer parti de leur capacité d’hyperfocus, nous pouvons mieux soutenir leur réussite et leur bien-être.

Le TDAH, lorsqu’on l’examine sous l’angle de la neurodiversité, ne doit pas être considéré comme un trouble à corriger, mais comme une variation naturelle du fonctionnement neurologique. En valorisant cette diversité et en adaptant les environnements d’apprentissage et de travail, nous pouvons mieux soutenir les personnes qui ont un TDAH dans leur développement et leur réussite.


Mélanie Ouimet, fondatrice du mouvement francophone de la neurodiversité, co-chercheuse en autisme

Références

1. Barkley, R. A. (2004). Attention-deficit hyperactivity disorder: A handbook for diagnosis and treatment. Guilford Press.

2. Ibid

3.Sonuga-Barke, E. J. S., et al. (2010). The role of emotional regulation in ADHD: Insights from neuroimaging studies. Behavioral and Brain Sciences, 33(1), 36-37.

4. Immordino-Yang, M. H., & Damasio, A. (2007). We feel, therefore we learn: The relevance of affective and social neuroscience to education. Curriculum Inquiry, 37(2), 95-113.

5. Ibid

6. Zentall, S. S. (2005). Attention deficit hyperactivity disorder and the role of the teacher in managing behavior. Theory Into Practice, 44(2), 175-183.