Le trouble du développement du langage (TDL) est défini comme une différence significative dans le développement du langage qui ne peut être expliquée par d'autres causes apparentes, telles qu'un retard intellectuel global, des déficits sensoriels ou un manque de stimulation. Il se manifeste par des difficultés à comprendre et à produire le langage, ce qui impacte parfois la communication sociale, l'apprentissage et l'autonomie.
Les signes fréquents incluent :
• Difficulté à articuler certains fils. • Utilisation de phrases très courtes ou incomplètes.
• Vocabulaire limité ou imprécis.
• Problèmes pour suivre des consignes complexes.
• Retrait social dû aux défis communicationnels.
• Difficulté à comprendre ou à répondre à des questions ouvertes.
• Difficulté à raconter une histoire ou un organisateur d'idées.
Cependant, sous l'angle de la neurodivergence, il est crucial de souligner que ces différences dans le développement du langage ne sont pas pathologiques. Elles s'inscrivent dans une dynamique où d'autres capacités, particulièrement perceptives et sensorielles, prennent une place centrale dans la structuration du cerveau. Le cerveau de ces personnes neuroatypiques est remanié autrement pour permettre à un potentiel perceptif d'être présent. Le revers est en autres, un développement atypique du langage et de la communication.
Développement atypique et perception accrue
Dans cette perspective, le TDL n'est pas un « retard », mais une manière naturelle pour certaines personnes d'interagir avec le monde. Comme pour l'autisme, on observe chez les jeunes avec TDL une réorganisation cognitive orientée vers des forces perceptives :
• Perception visuo-spatiale et 3D : Ces enfants peuvent avoir une capacité exceptionnelle à comprendre des concepts spatiaux complexes, naviguer dans leur environnement ou manipuler mentalement des objets.
• Reconnaissance de motifs et de régularités : Ils peuvent détecter des schémas répétitifs dans leur environnement ou dans des structures visuelles ou auditives.
• Sensibilité sensorielle : Leur attention peut être particulièrement attirée par les détails subtils de leur environnement, tels que des sons ou textures que d'autres ne remarquent pas.
Le cerveau de ces enfants est réorganisé différemment, ce qui permet le développement de ces compétences avant celui du langage. Il ne s'agit donc pas d'une compensation face à une faiblesse linguistique, mais d'une priorisation naturelle du cerveau sur des modalités perceptives et sensorielles. Les voies neurocognitives présentent des formes d'interactions riches et intuitives, parfois en dehors des conventions verbales. Cette dynamique est semblable à celle que l'on observe dans le développement atypique des enfants autistes, où l'expression verbale peut émerger plus tardivement en raison de l'investissement massif dans d'autres formes d'exploration du monde. Le développement du langage est donc plus tardif que la moyenne et la communication demeure atypique.
L'objectif, tout comme pour les autistes, serait de faire un pont de communication sans assimiler les personnes neuroatypiques.
Soutenir un développement en harmonie avec leurs forces
Comprendre que ces différences de développement existantes et font partie intégrante de leur trajectoire de croissance permet de mieux accompagner ces enfants. Plutôt que de forcer une acquisition rapide du langage verbal, il est essentiel d'encourager leur interaction avec le monde à travers leurs forces visuo-spatiales et sensorielles. Il est également important de soutenir des moyens alternatifs de communication, comme le langage gestuel ou les supports visuels par exemple. Aussi,je vous invite à créer des environnements qui valorisent les modalités sensorielles, leur offrant des occasions d'explorer, de manipuler et de s'exprimer autrement que par la parole. Ce mode de fonctionnement est OK. Puis, cela permet de favoriser le plein développement de leur potentiel perceptif.
Plutôt que de concentrer nos énergies à l'amélioration d'un langage et d'une communication qui n'est pas innée, déterminant-les meilleurs en tant que neuroatypiques perceptifs.
L'acquisition du langage peut se développer à un rythme différent, mais cela ne diminue en rien le potentiel de ces enfants. En reconnaissant et en soutenant ces forces naturelles, on permet à ces jeunes de s'épanouir pleinement selon leur propre mode de fonctionnement, en valorisant ce qu'ils apportent à la société.
Cette approche neurodivergente repositionnée donc le TDL non comme une déficience à corriger, mais comme une variation naturelle du développement, où le langage verbal émerge différemment en raison d'une focalisation accumulée sur la perception et l'interaction sensorielle avec le monde.
Mélanie Ouimet, fondatrice du mouvement francophone de la neurodiversité et co-chercheuse en autisme