Le site officiel par mélanie ouimet

Mon adolescent a honte de moi, comment accueillir son émotion en tant que parent?

L’adolescence est une période de grands changements. C’est entre autres une période d’affirmation et de quête identitaire. C’est une période de socialisation intense avec les pairs du même âge. C’est un passage de s’éloigner de leur parent pour faire leurs propres expériences et tracer leur chemin.

Cela dit, nous demeurons toujours leur principale personne ressource. Nous sommes leur principale figure d’attachement en qui ils ont confiance.

Comment les accompagner dans une approche bienveillante?

La semaine dernière, je suis tombée sur le partage d’une mise en situation d’une professionnelle et j’avais envie de l’utiliser pour amener une réflexion sur l’accueil des émotions et la parentalité consciente.

Une jeune adolescente a honte de ses parents. Quand un de ses parents vient la chercher à son école, elle fait semblant de ne pas le connaître, elle ne veut pas que ses amies la voient en présence de celui-ci. Elle trouve que son parent est mal habillé.

C’est dur, pour nous en tant que parent. On peut se sentir en colère, blessé, rejeté par son enfant.

Dans la mise en situation, l’approche recommandée est d’apprendre l’empathie et le respect à cet adolescente par des exemples qui l’aideraient à se mettre à la place de son parent : « Comment te sentirais-tu si tes parents avaient honte de toi? », « Imagines si ton père te disait qu’il avait honte de toi! », « Imagines s’il faisait semblant de ne pas te connaître devant ses amis? », « Tu serais probablement blessée, hein? ». On essaie aussi de lui faire réaliser qu’elle devrait être reconnaissante que son parent vienne la reconduire à l’école.

Selon l’attitude de la jeune adolescente, des conséquences seraient de mise. Si l’adolescente réalise combien sa honte a blessé ses parents et combien elle doit leur être reconnaissante, elle n’aurait pas à avoir de conséquence. Si elle est méprisante, elle devrait avoir une conséquence plus lourde.

C’est une approche comportemental basée sur la culpabilisation et les conséquences pour avoir ressenti. L’approche recommandée dans cette mise en situation n’apprend pas l’empathie ni la reconnaissance mais, à se sentir coupable de ressenti et à taire nos émotions. Nos émotions nous traversent et nous n’avons aucun contrôler sur celles-ci. De plus, la honte est une émotion très puissante à ressentir et très difficile à traverser. Il est d’autant plus important de l’accueillir sans jugement.

Et l’approche de la parentalité consciente, quelle est la distinction?

La parentalité consciente invitera l’adolescente à parler de son sentiment de honte. Les parents sont plus matures émotionnellement et ils sont des guides pour leur enfant.

Le parent peut inviter à la discussion : « Quand je suis venu te chercher à l’école, tu n’avais pas envie que tes amies te voient avec moi? », « Tu as honte de la manière dont je m’habille? », « As-tu peur que tes amies se moquent de toi? », « As-tu besoin de plus d’espace et d’indépendance? », etc.

On écoute, sans jugement ses émotions. On lui offre de l’espace pour les ressentir et les vivre pleinement. On lui offre une sécurité émotionnelle.

Ensuite, nous pouvons lui exprimer comment on se sent : « Je ressens de la tristesse quand tu as honte de moi. », « J’aurais besoin de reconnaissance pour le service que je te rends d’aller te reconduire à l’école. Ça me ferait du bien d’entendre un merci à l’occasion. », etc.

Selon les réponses de notre adolescent, nous pouvons regarder avec lui quelles seraient les solutions ou simplement lui laisser du temps pour décanter et réfléchir à tout cela. Nous lui avons offert un espace permettant l’accueil et l’expression émotionnelle en toute sécurité. C’est le terreau fertile pour favoriser le développement des compétences chez nos jeunes. C’est long à développer, les compétences socio-émotionnelles. Faisons-leur confiance. Ils sont des ressources à l’intérieur d’eux.

L’empathie et le respect s’apprennent par modélisation. Être écouté dans nos émotions. Écouter l’autre dans ses émotions. 

Mélanie Ouimet, fondatrice du mouvement francophone de la neurodiversité, collaboratrice en recherche