La parentalité consciente est une manière d'être en relation avec notre enfant et avec nous-même. Il ne s'agit pas d'une méthode, mais d'une manière de vivre avec soi-même et son enfant. L'écoute et la communication des émotions et des besoins sous-jacents sont à la base de la relation. C'est une écoute attentive de l'enfant et aussi de soi. C'est une invitation à un changement profond à l'intérieur de soi, dans notre manière de penser et de vivre. C'est une invitation à prendre conscience et responsabilité de nos émotions, de nos réactions, de nos blessures et traumatismes.
- Mélanie Ouimet
Aujourd'hui, nous savons que l'environnement dans lequel nous évoluons a une plus grande influence que notre bagage génétique. Les neurosciences affectives et sociales et l’épigénétique permettent de nous éclairer sur la manière dont notre cerveau et l'ensemble de notre système nerveux sont influencés par ce que nous vivons principalement au niveau relationnel. Ils sont également influencés par notre alimentation, notre environnement physique, la pollution. Ainsi, nos relations et notre environnement peuvent modifier l’expression de nos gènes favorablement ou défavorablement. Chaque être humain a un « plan » global inné unique de développement du cerveau et l’environnement dans lequel il évolue déterminera sa réalisation. Ce sont les signaux reçus par l’environnement qui favoriseront ou non ce potentiel génétique et qui guidera le développement neuronal.
La maturité cérébrale se déploie à partir des facteurs génétiques et environnementaux et de leurs interactions complexes au fils des années. Pour que ce « plan » global croisse, le lien affectif doit être le noyau de l’écosystème dans lequel l’enfant évolue. L'attachement profond et sécurisant envers les adultes qui prennent soin de l’enfant est à la base de la sécurité intérieure de celui-ci et par conséquent, à la base du développement optimal de son système nerveux. Il est instinctif pour un enfant de s’attacher aux adultes qui l’entourent. Un environnement qui met de l’avant l’attachement au centre de l’éducation de l’enfant est un environnement naturel qui respecte les lois biologiques et physiologiques de notre nature humaine.
Nos méthodes éducatives habituelles sont basées principalement sur une éducation autoritaire. Les punitions, les systèmes de récompenses, les retraits, les menaces, le chantage, les humiliations, la répression des émotions sont encore bien ancrés dans nos valeurs éducatives. Nous reproduisons bien souvent l'éducation que nous avons nous même reçu lorsque nous étions un enfant. Nous n’avons souvent pas conscience que nous pratiquons quotidiennement des violences éducatives ordinaires en nommant cela éducation.
Les enfants et les adolescents sont des êtres humains en formation qui ont besoin de la sécurité affective des adultes qui les entourent pour favoriser leur autonomie et leur épanouissement. Les neurosciences permettent aujourd’hui de nous démontrer le processus de maturation du cerveau qui s’étend sur plusieurs années. Les enfants et les adolescents ont besoin de l’aide des adultes pour vivre leurs émotions. Ils ont besoin de soutien et de temps pour que leurs compétences socio-émotionnelles se développent.
Il y a maintenant 12 ans que le lien entre la parentalité consciente (bienveillante, positive, sécurisante) et la neurodiversité m'est apparu indéniable. Lorsque nous adoptons une position autoritaire, voire menaçante, nous augmentons l’anxiété de l’enfant et nous accentuons souvent les comportements agressifs, l’opposition, la procrastination, les crises, les luttes de pouvoir, le repli sur soi, etc. Chez les jeunes neurodivergents, ces comportements deviennent des défis très importants au quotidien. Pour les parents ou les adultes qui les accompagnent, les jeunes neurodivergents sont perçus comme insupportables, indisciplinés, difficiles, provocants, renfermés! Nous pouvons être heurtés ou nous pouvons penser que ces comportements soient dirigés vers nous. C'est très dur de ressentir de l'empathie pour un enfant dont on ne comprend pas le besoin. C'est dur de ressentir de l'empathie pour un enfant qui présentent des comportement perturbants, de l'hyperactivité, de l'impulsivité, de l'opposition, de l'agressivité.
La parentalité consciente nous permet de transformer notre regard envers les comportements dérangeants, inquiétants et agressifs de nos enfants. Notre enfant est alors vu pour ce qu'il est : un petit être en formation ayant besoin d'acquérir des compétences pour mieux exprimer ses émotions et ses besoins. En tant que parent, nous devenons plus ouverts et à l'écoute de ce que ses comportements signifient. Il est plus aisé de ressentir de l'empathie. Nous voyons que leurs comportements sont l'expression de ce qui est vivant en eux et que l'expression maladroite n'est que le fruit de ce qu'il vit en lui.
Un jeune neurodivergent a profondément besoin d'être en lien. Il a besoin de se sentir exister et important : "Je te vois", "Je vois combien c'est difficile pour toi en ce moment", "Je suis là", "Je vois que ça ne va pas". Et c'est ok.
Cette éducation bienveillante encourage la faculté d’un enfant à vivre pleinement sa vie en lui donnant des outils pour lui permettre d’avoir une force de volonté suffisante pour aller au bout de ses envies et pour passer au travers des épreuves de la vie. Nous encourageons son autodétermination et sa responsabilisation.
Mélanie Ouimet, fondatrice du mouvement francophone de la neurodiversité