Plusieurs comportements jugés de difficiles s’expliquent par ailleurs par cette hypersensibilité. Par exemple, ce que nous percevons comme un repli sur soi en autisme est souvent une sorte de pas de recul face à l’environnement surstimulant. C’est ce que nous pourrions nommées une compétence innée pour s’éviter une surcharge sensorielle. Un enfant qui n’est pas capable de parler tant il y a d’informations entrantes autant externes qu’internes. Le flux d’information entrant est énorme : auditif, tactile, visuel, intuitif, pensées, émotionnel, physiologique. L’enfant et même l’adulte entre en mutisme sélectif. Un enfant incapable de se concentrer, qui a besoin de bouger ou qui à l’inverse procrastine peut-être assaillit par des stimulations et donc par le stress et l’inconfort qu’il ressent dans son corps.
Un stimulus est une activation pour le système nerveux et donc, un élément de stress pour notre organisme. Un hypersensible en perçoit beaucoup et c’est très incommodant si nous ne parvenons pas à canaliser tout ce qui se passe en soi et quand nous atteignons un niveau de stimulation très élevé qui sature notre cerveau et notre corps. Dans ces moments, nous perdons l’emprise sur soi et c’est affolant. C’est inhérent à chaque être humain mais, beaucoup plus fréquent chez les hypersensibles qui se retrouvent saturés en stimulation plus rapidement.
Pour soi, je crois qu’il est essentiel d’apprendre à ressentir nos sensations corporelles, de tolérer l’intensité à l’intérieur de soi, de décoder nos émotions et nos besoins subjacents. Se donner la permission de pleurer, de vivre des deuils, d’être en colère, d’avoir peur. Se donner la permission de ressentir pleinement nos émotions et de les laisser nous traverser. De faire la distinction entre ce qui nous appartient et appartient à l’autre.
Également, de mieux se connaître, d’apprendre à refuser des invitations, à prendre soin de soi, à méditer, à être en contact avec la nature, à faire du yoga, à avoir un rythme de vie plus lent et sain. Tout ce qui est apaisant et qui permet un contact avec soi, avec notre intérieur. C’est ce qui nous permet de demeurer ancré et de moins perdre pied quand les stimulations sont très élevées.
En relation avec les autres, serait à mon avis de se demander comment faire un vivre-ensemble collaboratif de tous les modes de fonctionnements. Nos émotions sont notre boussole intérieure et de prendre le temps de les écouter permet de mieux comprendre nos besoins. Et cela nous permet d’entretenir de meilleures relations avec les autres. L’intensité de nos émotions nous appartient, nous en prenons la responsabilité. Nous pouvons le transmette à l’autre d’une manière à ce que ce soit informatif et constructif pour la relation. L’autre n’a pas à s’adapter et nous n’avons pas à nous adapter. Nous avons la responsabilité de ne pas se décharger en intensité sur l’autre mais, d’exprimer sainement ce qui se passe en nous. Nous devons tous apprendre à co-construire ensemble en tenant compte des besoins et des limites de chacun.
Quand les émotions deviennent trop intense, revenir à la pleine présence et à l’ancrage : d’être dans notre corps pour s’aider à sortir de nos pensées. Parce que ce sont généralement nos pensées envahissantes et intenses qui sont difficiles à vivre et non l’émotion physiologique passagère. C’est de revenir à ce qui est présent ici et maintenant dans notre corps. Pas si simple! Ce sont des compétences qui se développent au fil du temps et toute la vie!
Mélanie Ouimet