Maintenant que nous savons que l’histoire médicale de l’autisme a engendrée des dérives importantes à l’égard des autistes, que faisons-nous?
La première étape est de parler d’inclusion plutôt que d’intégration. Il faut reconnaître que les autistes font partie de la société, comme n’importe quel autre individu et cessez de les catégoriser comme un groupe d’individus que la société doit accueillir.
Pour ce faire, l’étape primordiale est l’annulation des demandes et des exigences envers les autistes afin qu’ils se conforment pour être socialement acceptables et qu’ils apprennent par cœur et imitent le mode de fonctionnement des neurotypiques. Demanderiez-vous ou exigeriez-vous d’une personne paraplégique de faire un effort pour marcher ou encore à une personne sourde de faire un effort pour vous entendre? Bien sûr que non et cela serait totalement absurde. Alors pourquoi le faire avec les autistes? Nous devons donc cesser toutes tentatives de normalisation.
En contrepartie, pour que cette inclusion fonctionne, les autistes devront s’affirmer comme tel et accepter d’utiliser des mesures d’inclusion au même titre qu’une personne sourde ou paraplégique. Les autistes ne pourraient tenir rigueur à des personnes ou à la société si ceux-ci refusent les mesures d’inclusions qui leurs sont offertes à condition que celles-ci soient adaptées à chaque autiste, au même titre qu’elles sont adaptées pour un amputé des bras ou des jambes par exemple.
Il faut aussi savoir qu’une des fausses croyances des plus communes sur « l’autisme léger ou sévère » est que l’avenir de la personne autiste est prédéterminée, et que celle-ci est figée dans cet état à vie. Mais en réalité, l’autisme est évolutif dans le temps.
L’état d’un autiste n’est pas immuable. Un autiste évolue à son rythme. Les variantes neurologiques des autistes dont l’intelligence focalisée et la surperception les amènent à avoir un rythme de développement totalement différent des non autistes. La comparaison entre le développement des autistes et des non-autistes est donc impossible. Il ne faut jamais sous-estimer l’intelligence, ni la capacité de compréhension d’un autiste. Il faut chercher des outils pour favoriser la communication et les apprentissages conformément à leur neurologie, c’est-à-dire à leur mode de pensée autistique.
Pour favoriser l’autonomie d’une personne autiste, nous devons tout d’abord respecter et comprendre sa neurologie. Même si en apparence, un enfant autiste qualifié de « sévère » ou de « bas niveau », ne semble rien faire, ne rien apprendre et être enfermé dans son monde, ce n’est jamais le cas. Tel un éventail, l’enfant autiste se focalise sur les détails pour s’ouvrir graduellement, à son rythme, vers l’extérieur. En ce sens, les enfants autistes n’ont pas de retard d’apprentissage et font simplement des apprentissages différents. Il est donc essentiel de voir l’autisme comme un mode de fonctionnement différent et non un handicap ou un déficit à combler, car c’est ainsi que les plus grandes erreurs sont commises.
L’autisme ne disparaît pas en vieillissant. Cependant, les autistes acquièrent des connaissances et des aptitudes, graduellement au fil des années, afin de fonctionner dans la société avec plus ou moins d’aisance, avec plus ou moins de soutien. Il s’agit généralement de comportements adaptatifs c’est-à-dire que la personne autiste s’adapte aux exigences et contraintes de la société ainsi qu’à l’environnement pour vivre au rythme de la société actuelle, selon les conventions et codes sociaux. Nous pourrions ainsi parler d’autisme « invisible » en comparaison à un autisme « visible » durant l’enfance.
Les autistes sont divers entre eux, comme les personnes non-autistes, et ils n’ont pas besoin de se faire catégoriser. Certains autistes ont des traits observables plus prononcés et évidents que d’autres. Certains auront davantage besoin d’aide et d’outils pour se développer. Le tout fortement teinté par le bagage personnel, familial, social et environnemental de chaque individu. La pensée autistique est le point commun de toutes les personnes autistes et l’autisme les inclues toutes.
Les éléments clés pour aider une personne autiste à se développer est la compréhension de la pensée autistique et la favorisation d’un mode de communication conçu pour cette neurologie particulière, comme le langage conceptuel de SACCADE. Il faut aussi favoriser et encourager leurs intérêts spécifiques, et non les réprimer. Les intérêts spécifiques sont le moteur d’apprentissage des autistes. Il faut aller au-delà des apparences et comprendre les comportements des autistes afin d’entrer en relation avec eux et de répondre à leurs besoins.
C’est ainsi que les autistes se sentiront et seront inclus à cette société à laquelle ils participeront pleinement. Les autistes désirent et choisissent de vivre avec les non-autistes. Ils demandent simplement que ce désir et ce choix se fasse de manière inclusive et non discriminatoire.
Un texte co-écrit par Mathieu Giroux et Mélanie Ouimet