TDAH : une pathologie?

Le livre « pourquoi être ordinaire quand on peut être spécial » de Sylvain Guimond et Johanne Lévesque dernièrement paru amène un regard positif sur le TDAH. 

Derrière ce livre, nous pouvons y lire ce passage en guise de prémisse « En réalité, chacun de nous est unique et spécial, ce qui donne sa beauté à notre monde. Cependant, la crainte de sortir de rang nous a amenés collectivement à identifier nos différences et à la cataloguer. La société a alors diagnostiqué des pathologies parfois insensées, sinon dangereuses et aux conséquences trop souvent malheureuses pour nous, nos enfants, et notre avenir. »

Un passage fort qui dérange, chamboule et remue notre vision collective sur les troubles mentaux maintenant diagnostiqués en masse. Je me demande comment avons-nous pu en arriver là? Comment l’observation de comportements atypiques a-t-elle pu mener à une telle dérive envers des êtres humains?  Comment pouvons-nous comparer, rabaisser, étiqueter des humains entre eux? Mais qui a décidé d’établir que le cerveau humain devrait être uniforme? Qui a donc mis la ligne de la normalité à ne pas franchir ? Qui a pu se permettre d’affirmer qu’un cerveau est sain et l’autre troublé? 

Aujourd’hui, nous assistons au cirque du TDAH. Une maladie, un trouble, un déséquilibre inventé de toutes pièces. Des médecins, des pédiatres, des psychiatres et d’autres spécialistes ont autoproclamé les comportements des personnes ayant un TDAH comme des troubles, des pathologies, des déséquilibres conduisant des réactions démesurées, exacerbées et disproportionnées. 

Le cirque du TDAH dans lequel le TDAH est devenu le mal du siècle. Un mal épidémiologique qui s’en prend à nos enfants. Un mal pour lequel il est urgent de trouver les causes, un remède. Un mal que l’on doit guérir ! 

Un cirque où l’on pointe du doigt ces enfants comme étant des mal élevés, des colériques, paresseux et d’hyperémotifs, des impulsifs, des incapables ! Nous avons préféré voir un trouble en ces enfants, en ces adultes, plutôt que de voir en eux un potentiel créatif, authentique, sensible et unique. Nous avons préféré choisir la voie pharmacologique plutôt que la voie de la remise en question de notre fonctionnement sociétaire. 

Or, pour avoir ce potentiel créatif débordant et cette pensée hors du cadre, il est essentiel que notre cerveau soit moins inhibée, moins restreint par le cadre social, plus spontanée, plus intuitif, rapide et logique. Des différences cérébrales à la base même de la neurologique du « TDAH ». Une différence que l’on s’empresse de remédier par des médicaments. Des médicaments qui petit à petit éliminent cette richesse qu’est la diversité humaine. 

Nous avons inventé une maladie de toute pièce au bonheur de l’industrie pharmaceutique : le TDAH

À aucun moment, ces experts semblent avoir cru bon de se demander comment pouvait se sentir une personne ayant un TDAH au-delà de ses défis sociaux et environnementaux.

Investiguer sur le « trouble » a primé sur l’être humain tant et si bien que l’être humain se croit lui-même réellement trouvé et inférieur. Bien que les médicaments puissent être indispensables dans des cas d’exception, nous semblons avoir généraliser cette option comme étant LA bonne solution et nous semblons l’avoir justifié par le TROUBLE. Le mot « trouble » rend donc le traitement pharmacologique quasi obligatoire.

Pendant ce temps, des humains souffrent. Des humains qui essaient de faire comme les autres, mais qui n’y parviennent pas. Des humains qui se demandent ce qu’ils ont de mauvais en eux. Des humains qui se cherchent et se dévalorisent. Des humains ayant une neurologie divergente qu’on demande d’effacer. Des humains à qui on demande d’effacer l’essence même de leur personnalité et de leur âme. 


Mélanie Ouimet

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